Gazette de l’ORPAM N°9 : Septembre 2021
Vos témoignages sur l’ancien Morlaix
Le train à Morlaix.
Ils n'ont pas encore échangé un mot. Le vacarme de la locomotive à vapeur, conjugué avec celui des charrettes sur le pavé, les en a empêchés. Leur regard est attiré vers le haut : le train va entrer en gare.
- Je ne m'y habituerai jamais, se plaint monsieur Lancien. Je déteste ce bruit et cette fumée. Je suis consterné de voir notre ville, si belle jadis, enlaidie par cet immense mur qui nous écrase de sa masse.
- C'est la rançon du progrès, lui répond monsieur Le Jeune. C'est un pont vers l'avenir. Il nous faut vivre avec notre temps. Reconnaissez que les travaux exécutés ces dernières années facilitent grandement la vie de nos concitoyens grâce au bassin à flot, au pont tournant, à la nouvelle route de Brest, à l'éclairage nocturne, à l'hippodrome et à tant d'autres choses. J'admire les idées novatrices impulsées à la municipalité de Morlaix par Édouard Corbière. La ligne maritime qu'il a créée, reliant Morlaix au Havre, est une belle réussite. J'apprécie aussi ses talents d'auteur. C'est un homme que je tiens en haute estime. Il est en tous points remarquable.
- Ah, parlons-en, des Corbière. Surtout de son hurluberlu de fils, Joachim, dont la dernière lubie est de se faire appeler Tristan. Il est coutumier de frasques lamentables, à Roscoff comme à Morlaix. Je plains son père. Ce jeune homme toujours mal fagoté est un impertinent qui écrit des textes d'une insanité pitoyable. J'ai vite abandonné la lecture de ses prétendus poèmes qui n'ont aucun sens. En voilà un qui ne laissera aucune trace dans le monde des lettres !
Le Télégramme du 30 novembre 1961.
Le Télégramme du 30 novembre 1961. (Service Documentation/Le Télégramme)
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Au fil des siècles, la rivière de Morlaix, formée par le Queffleuth et le Jarlot, s’est comme évaporée. Car contrairement à d’autres villes bretonnes, la cité du viaduc a fait le choix de la recouvrir. Par étapes.
Les premiers travaux ont été menés en 1728, devant l’actuel hôtel de ville (construit en 1841), pour créer la place de l’Éperon, ensuite agrandie jusqu’à l’église Saint-Melaine (place des Otages). Après la construction du viaduc (1861-1863), le recouvrement se poursuit. En 1897, le bassin à flot, dont la création remonte à 1856, est repoussé jusqu’au niveau de la Banque de France, pour construire la place Cornic.
Une dernière tranche en 1961-1963
La dernière tranche de recouvrement (et la destruction du pont tournant métallique pour piétons créé en 1858), s’étalera de 1961 à 1963, pour créer la place Charles-de Gaulle. C’est le début de l’ère du tout voiture. Qui semble aujourd’hui prendre fin…
Soixante ans après ce gigantesque chantier, Morlaix communauté veut en effet faire machine arrière. Pour régler le problème des inondations, mais pas seulement. C’est aussi une question d’attractivité et d’écologie. Mais faire et défaire, c’est toujours travailler !
Photo du port de Morlaix
Charles Koechlin était compositeur et humaniste. Il était passionné d'astronomie et de photographie. Farouche défenseur de son indépendance et de sa liberté, il n'était pas un musicien très apprécié des critiques... En 1947, il dit : « …au soir de ma vie, je me rends compte que la réalisation de mes rêves d'artiste, pour incomplète qu'elle soit, m'a donné la satisfaction intime de n'avoir pas perdu mon temps sur la terre. »
Son épitaphe :« L'esprit de mon œuvre et celui de toute ma vie est surtout un esprit de liberté. »
>> Pascal
Souvenir de Morlaix - Le parvis de l’hôtel de ville - par Corinne LE NOAN
Tout le monde sait que devant l’hôtel de ville nous sommes place des Otages, ce n’est pas de ce triste souvenir que je veux vous entretenir mais de la longue histoire du centre névralgique de la cité.
On voit sur le plan que l’hôtel de ville n’est pas positionné comme nous connaissons, il a été rebâti sous Louis Philippe beaucoup plus long, face au port, pour loger tous les services publics, dont les tribunaux.
La place, constituée de plusieurs espaces où se déroule différents marchés, a alors une forme très lâche, le sol, plus ou moins marécageux, est pavé en 1728.
En 1782, le bassin arrive à la hauteur du kiosque à musique, la place se nomme grande place puis place de l’égalité en 1795 durant la révolution, un grand mât est installé pour faire flotter le drapeau national chaque dimanche.
La place semble reprendre son nom après cet épisode jusqu’à la troisième république qui se plaît à honorer ses grands hommes, Thiers, pourtant controversé mais surnommé le «Washington français » inscrit son nom ici jusqu’à la deuxième guerre mondiale.
L’attractivité de la place est de tous temps apportée par les cafés qui s’y trouvent, fréquentés par le beau monde qui travaille autour : les propriétaires des plus belles boutiques de nouveautés, les notaires et huissiers et les employés de mairie.
Chaque dimanche il y a concert à 1h30 donné la plupart du temps par la fanfare de la garnison en poste à Morlaix. Aujourd’hui Les bancs qui bordent l’espace sont occupés à toute heure par les flâneurs qui attendent que quelque chose se passe…..
Ils attendent peut-être l’arrivée d’un cirque, comme durant la Foire Haute mi-octobre durant une semaine.
La grand place se prête aux rassemblements, notamment pendant le marché du samedi où les manifestations sont rituelles pour interpeller la population sur des sujets divers.
Au 19ème l’endroit résonnait davantage des fréquentes disputes entre marchandes, toutes ne pouvant pas être également favorisées par le tirage au sort et le roulement établi dans le placement. Il n’y a guère dans l’histoire qu’en 2020 et 2021 que le marché n’a pas lieu. Il n’a jamais été suspendu dans l’histoire pour aucune épidémie, que ce soit typhoïde, typhus ou la tuberculose présentes tout le long du 19ème siècle.
Le parvis est le lieu où sont présentées les nouveautés à commencer par les changements de régime, proclamés au balcon de l’hôtel de ville. C’est le lieu des illuminations et des sérénades du soir lors des grandes occasions avec autour les fenêtres pavoisées et décorées sur ordre du maire.
Le 1er essai de luminaire à gaz de grande dimension se passe ici en décembre 1892 mais aussi l’exécution des condamnés à mort, au moins jusqu’en 1844 avant leur déplacement à St Nicolas. Les cortèges officiels partent tous de la place pour la fête de l'empereur, les courses hippiques et nautiques. Tout ce que Morlaix compte de personnalités d’importance se regroupe après la messe de la St Cécile à St Melaine pour un final en fanfare.
Pour la gazette du mois d’octobre, nous vous proposons de partager sur vos témoignages
et photos sur vos randonnées et celles proposées par l’ORPAM
Nous attendons vos partages avec impatience !
Vous pouvez nous les envoyer par mail ou par courrier ou vous déplacer jusqu’au bureau de l’ORPAM.
Merci de nous faire parvenir vos articles et photos jusqu’au 7 Novembre 2021, dernier délai.
Hervé, Janik et Guylaine